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«Tom à la ferme», le thriller sauvage de Xavier Dolan (PHOTOS)

«Tom à la ferme», le thriller sauvage de Xavier Dolan (PHOTOS)

Depuis ses 20 ans, Xavier Dolan tourne un film chaque année. Après ce qui semble être une trilogie sur l’amour impossible (J’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires et Laurence Anyways), le revoilà tournant le dos à sa précoce cinématographie pour aller explorer cette fois le genre thriller sur les terres agricoles québécoises. Avec ce nouvel opus, Tom à la ferme, le réalisateur signe (encore) un grand film.

L'œuvre est l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Michel Marc Bouchard, également coscénariste du film. L’œuvre s’ouvre sur Tom (Xavier Dolan, chevelure peroxydée), un jeune publicitaire urbain endeuillé que l’on découvre sur une route de campagne en direction des funérailles de son amant Guillaume, mort à la suite d’un accident de voiture.

À son arrivée dans un coin perdu, il découvre une ferme de vaches laitières habitée par une belle-famille qui ne sait rien de lui. Il se rend compte que la mère (Lise Roy) ignore l’homosexualité de son fils disparu. Pire encore, Francis (Pierre-Yves Cardinal), le viril frère aîné et tyrannique aux fortes tendances homophobes, l’oblige à mentir sur les raisons de sa venue et la relation qui l’unissait au défunt.

Très bien accueilli par la critique et le public lors de sa présentation en compétition officielle à la dernière Mostra de Venise, le quatrième long métrage de Dolan est un exercice de style tout à fait nouveau pour le cinéaste, habitué à nous offrir des œuvres davantage éclatés. Atmosphère étrange et tendue, silences angoissants et interactions malsaines composent ici un pur thriller psychologique mené par le souci constant de l’oppression et de la claustrophobie.

Et le réalisateur semble jouer des codes du genre avec délectation, en proposant une mise en scène baroque et expressive où les nombreux plans rapprochés nous font ressentir la peur. L’affolante séquence de la poursuite dans un champ de maïs tranchant qui se replie sur la victime affolée, rappelle la scène mythique de La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock, mais en plus féroce et organique.

D’ailleurs, le grand maître du suspense n’est jamais loin. La fébrilité est constante entre la victime et son bourreau frappé par le sceau de l’attirance-répulsion contraignant un Tom soumis et dépendant à transférer l’affection de son ancien amant sur le frère psychopathe.

Alors qu'on croit l'affaire entendue, une soudaine tension sexuelle entre les protagonistes brouille les pistes et fait naître chez les deux hommes une étrange chorégraphie du désir. Culotté, le cinéaste va jusqu’à oser mettre en scène les deux hommes en train d’accomplir une danse à fleur de peau qui frôle le non-dit. Un moment singulier dans lequel tout porte à croire qu’une trêve est finalement possible.

Mais tout n’est que mirage, car au-delà de la cruauté, Tom à la ferme est d’abord une œuvre sur la supercherie. Les coups que prend régulièrement Tom sur la gueule rappellent évidemment le mensonge d’un pacte vicié pris dès leur première rencontre. Le spectateur croit nager en plein cauchemar. Inutile de compter sur Xavier Dolan pour alléger les souffrances, puisque le cinéaste a fait en sorte qu’aucune porte de sortie ne soit possible.

Tom à la ferme – Les Films Séville – Drame – 95 minutes – Sortie en salles le 28 mars 2014 – Canada, Québec, France.

Tom à la ferme de Xavier Dolan

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