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25 raisons inédites qui font de la présidentielle 2017 une élection historique

Résultat de ce second tour de l'élection présidentielle 2017: Emmanuel Macron est élu. Jamais un président n'avait été aussi jeune dans l'histoire de la République française.
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Cette élection présidentielle est sans aucun doute appelée à être historique à plus d'un titre.

1. Jamais dans l'histoire de la République française un président n'avait été aussi jeune lors de son élection. Louis-Napoléon Bonaparte avait 40 ans lorsqu'il a été élu président de la République en 1848, Jean Casimir-Perier, 47 ans en 1894, et Valéry Giscard d'Estaing, 48 ans en 1974.

C'est également la première fois de la Ve République que...

2. Les deux principaux partis dans la vie politique française depuis près de 40 ans, le PS et Les Républicains, ont organisé tous les deux une primaire ouverte pour désigner leur candidat à la présidentielle.

3. La droite a organisé une primaire ouverte qui a conduit à l'élimination des deux favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

4. Un parti au pouvoir a organisé une primaire ouverte avec la primaire des socialistes et de leurs alliés, à laquelle devait initialement participer le président sortant et a participé le premier ministre sortant, Manuel Valls.

5. Les électeurs dans le cadre de primaires ouvertes de grands partis ont désigné des candidats dans une logique identitaire, plutôt que dans une logique de «vote utile», avec la victoire de François Fillon, considéré par une majorité d'électeurs comme plus de droite qu'Alain Juppé, et de Benoît Hamon, perçu comme représentant davantage la gauche que Manuel Valls.

6. Le président de la République, qui était en mesure de se représenter d'un point de vue constitutionnel compte tenu de son âge et de son état de santé, a renoncé à briguer un nouveau mandat.

7. Aucun candidat n'a incarné la ligne politique de l'exécutif à la suite du renoncement de François Hollande et à l'élimination de Manuel Valls lors des primaires de la gauche et à partir du moment où le candidat socialiste Benoît Hamon était l'un des chefs de file des «frondeurs». Même s'il a été secrétaire général adjoint de la présidence de la République, puis ministre durant le quinquennat de François Hollande, et si ses adversaires l'ont souvent désigné comme son «héritier», Emmanuel Macron ne peut être considéré pour autant comme l'incarnation de la ligne de l'exécutif.

8. La divulgation d'affaires par la presse durant la campagne électorale a joué un rôle aussi déterminant dans le résultat final. Celles-ci ont très vraisemblablement coûté à François Fillon sa qualification pour le second tour.

9. Une campagne présidentielle a été aussi incertaine et déroutante, mais aussi sans doute décevante. Le 23 avril, les électeurs ont ainsi voté dans le flou en ne sachant pas lequel des quatre candidats principaux étaient susceptibles de se qualifier pour le second tour.

10. Aucun candidat de droite n'est parvenu à se qualifier pour le second tour.

11. Les électeurs ne choisissent pas la voie classique de l'alternance, mais plutôt celle de l'alternative, en ne qualifiant pour le second tour ni le candidat néogaulliste, ni le candidat socialiste.

12. Le cumul des suffrages en faveur des candidats socialiste et néogaulliste au premier tour d'une présidentielle a été aussi faible avec un total de 26,3%. Depuis 1965, ce cumul avait été supérieur à 50% dans six présidentielles sur dix et à 40% dans huit scrutins sur dix.

13. Le cumul des voix au premier tour en faveur des candidats de la droite radicale et de l'extrême droite (Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, François Asselineau) et de la gauche radicale et de l'extrême gauche (Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud) a été aussi élevé avec 48,2% des suffrages. En 2002, par exemple, le cumul des candidats de ces mêmes courants s'élevait à 37,2%. D'ailleurs, un second tour Marine Le Pen-Jean-Luc Mélenchon paraissait tout à fait envisageable.

14. La candidate d'extrême droite arrive devant le candidat de droite au premier tour. Aux premier et second tours, Marine Le Pen a largement dépassé le record historique qui avait été réalisé par le FN au second tour des élections régionales de 2015 avec 6,8 millions de voix. Jamais l'extrême droite n'a semblé si près de pouvoir l'emporter.

15. Le cumul des suffrages en faveur des candidats de gauche, de gauche radicale et d'extrême gauche (Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud) a été aussi faible avec un taux de 27,7%, alors que, par exemple, en 1969 le cumul des suffrages des candidats de ces mêmes courants s'élevait à 31%.

16. Le cumul des suffrages en faveur des candidats de droite (François Fillon, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, François Asselineau) a été aussi faible avec un taux de 26,8%.

17. Un candidat du centre dans une logique ni gauche, ni droite a obtenu autant de suffrages au premier tour, a réussi à se qualifier pour le second tour et l'a emporté. Jamais un candidat du centre, y compris du centre-droit avec, par exemple, Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et en 1981, n'avait obtenu autant de voix qu'Emmanuel Macron au premier comme au second tour d'une présidentielle.

18. Est élu un candidat qui n'est pas membre d'un parti politique et qui n'a jamais eu précédemment de mandat électif.

19. Les votes blancs et nuls ont été aussi élevés au second tour d'une présidentielle alors que le vote utile et le Front républicain ont été particulièrement mis en cause. En 1969, alors que la gauche était absente du second tour, ces votes s'étaient élevés à 4,5%.

20. Les clivages système-antisystème et ouverture-fermeture ont été aussi déterminants dans une élection présidentielle dans le contexte d'une société particulièrement divisée entre catégories aisées et catégories populaires, entre centre des grandes agglomérations et zones périphériques, périurbaines et rurales, entre jeunes et retraités, entre diplômés et non diplômés, entre optimistes et pessimistes, en clair, entre la France qui se porte bien et celle qui va mal.

21. Les incertitudes sur la suite, notamment les élections législatives et la capacité du nouveau président de la République à obtenir une majorité à l'Assemblée nationale, sont aussi grandes.

22. Une élection présidentielle devrait conduire à une recomposition majeure des principales forces politiques, notamment du PS et des Républicains.

Enfin, c'est aussi la première fois depuis 1969 que...

23. Le taux de participation baisse de façon significative entre les premier et second tours.

24. Le candidat socialiste obtient un score inférieur à 10% des suffrages au premier tour. En 1969, Gaston Defferre avait obtenu 5% des suffrages.

25. Le candidat de la gauche radicale réalise un score aussi élevé au premier tour. Jacques Duclos, le candidat communiste, avait obtenu 21,3% des suffrages en 1969. Avec un peu plus de 7 millions de voix, Jean-Luc Mélenchon est le candidat de la gauche radicale qui a obtenu le plus grand nombre de voix depuis le début de la Ve République. Il faut remonter aux élections législatives de 1973 pour voir le parti socialiste être dépassé par la gauche radicale, en l'occurrence le Parti communiste français, dans une élection majeure (présidentielle, législatives).

À l'évidence, nous sommes entrés dans un nouveau cycle politique après l'ère de la domination des droites de 1958 à 1981, puis celle des alternances entre socialistes et néogaullistes de 1981 à 2017.

Ce cycle devrait être sans doute l'ère des alternatives.

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